Les rendez-vous maraichers et les formations organisées à la CRA ont permis de regrouper de nombreux retours d’expériences sur ces deux solanacées aux nombreux points communs, tant dans leur planning de culture que vis-à-vis de leurs exigences climatiques et agronomiques. Je reprends ci-dessous quelques sujets des nombreux échanges et thèmes traités durant les journées techniques de ces deux dernières années avec les contributions de différents intervenants techniques. Pour compléter ces informations, rendez-vous aux prochaines journées techniques !
CLIMAT –
Les besoins en chaleur importants de ces cultures justifient qu’elles soient principalement cultivées sous abris. Leur tolérance aux bassinages pratiqués en période chaude est sèche pour assurer une bonne hygrométrie, éviter les fortes températures et limiter les acariens (surtout sur aubergines) et la similitude de leur planning de culture conduisent souvent à les regrouper dans un même tunnel. En période humide, bien aérer pour limiter l’hygrométrie et réduire les risques de Botrytis et Sclérotinia sur aubergines.
FERTILISATION –
Les besoins en fertilisation de l’aubergine et du poivron sont très proches avec notamment des besoins en potasse importants (légumes fruits). Le poivron nécessite environ 15% de fertilisation en moins que l’aubergine, qui affiche des rendements plus élevés. Pour simplifier les pratiques, il est possible de fertiliser à la même dose aubergines, tomates et poivrons avec une fertilisation de fond à la plantation. Dans ce cas on conseille une dose à appliquer aux trois cultures de 180/120/300 unités NPK.
FIN DE CULTURE –
Les cycles de ces deux cultures sont longs. La période de récolte s’étale de fin juillet à fin octobre, selon l’état sanitaire, la vigueur, les conditions climatiques. Afin de ne pas immobiliser la serre au détriment d’autres cultures, on détruit la culture lorsque la maturation devient trop lente courant octobre.
PLANTATION –
Pour l’un comme l’autre, même si les cycles sont longs, les plantations trop précoces sont déconseillées pour éviter les risques de mauvaises reprises, les attaques de Verticilliose (aubergine) et de Phytophthora capsici (poivron). Une plantation début à mi-mai permet d’obtenir les premiers fruits fin juillet. La plantation de plants greffés peut être avancée de 10 jours. Afin de réchauffer le sol au printemps, une préparation du sol et la pose de bâches transparentes sur le sol peut permettre d’avancer la date de plantation en complément d’une protection supplémentaire sous arceaux en début de culture (toile polyéthylène).
RENDEMENT –
Poivron et aubergine ont des rendements potentiels faibles à moyens autour de 4 kg/m² (poivron) et 6 kg/m² (aubergine). L’aubergine affiche des rendements globalement supérieurs au poivron ce qui justifie un prix de vente plus élevé du poivron. Pour l’aubergine on atteint un maximum de 9 kg/m² avec une densité de 1,3 plants greffés/m², selon Catherine Mazollier du GRAB d’Avignon. Ces rendements restent à valider dans vos tunnels, à partir de vos retours de rendements et coûts de production.
Le rendement potentiel est un peu réduit dans notre région selon les zones climatiques, notamment par une période de récolte plus courte que dans les régions plus méridionales. Afin de favoriser le rendement dans nos conditions, on cherche à maximiser le rendement précoce en pratiquant des densités de culture un peu plus élevées et en choisissant des variétés précoces pour avancer le début de récolte. Parmi les variétés d’aubergines cultivées en Franche-Comté : Black Pearl, Black Beauty, Diamond, Clara, Rotonda Bianca, Zebrina etc.
RANGS SIMPLES –
La conduite de ces cultures peut se faire en rang simple ou en rang double. Le rang simple facilite la conduite, en permettant le palissage et la récolte des deux côtés du rang. Il permet une meilleure aération et un meilleur ensoleillement des plants. En poivron on conseille des densités d’implantation entre 1,8 et 2 plants/ m², en aubergine 1,25 plants/m² en greffés et 1,5 plants/m² en francs.
PALISSAGE –
Le poivron est surtout conduit en palissage horizontal en laissant pousser la plante en buisson et en la palissant sur une haie de ficelles tendues horizontalement espacées de 25 cm et fixées à des piquets distants de 4 m. Pour l’aubergine deux méthodes de palissage sont possibles : le palissage horizontal en buisson (idem que le poivron en espaçant un peu plus les ficelles) ou le palissage vertical sur 2 à 4 bras. On sélectionne dans ce cas 2 à 4 bras qui sont palissés sur des ficelles verticales et on taille régulièrement les axillaires. La méthode verticale est beaucoup plus exigeante en main d’œuvre mais offre plus de lumière à la plante et produit plus de fruits de meilleure qualité (moins de 2e choix).
TAILLE –
Pour les 2 cultures, ébourgeonner sous la fourche trois semaines environ après plantation. Par la suite, supprimer la première fleur sur poivron pour permettre une meilleure vigueur et éviter de produire des poivrons déformés et difficiles à récolter dans la fourche. Pour les aubergines, supprimer les fleurs secondaires (petites fleurs coudées) qui produisent des petits fruits, surtout pour les premières récoltes et en particulier sur les variétés qui font beaucoup de fleurs (allongées, blanches). Un passage d’entretien toutes les deux semaines permet de réaliser ces tailles.
On retient en particulier :
L’Aubergine en bio
- Une culture technique en raison de nombreux ravageurs, en particulier les pucerons, acariens et doryphore ce qui impose :
- La pratique d’aspersions (contre acariens et thrips)
- Un contrôle rigoureux de l’état sanitaire pour intervenir avant une catastrophe
- Des traitements réguliers : savon noir contre pucerons, Bt contre doryphores
- Des lâchers conseillés d’auxiliaires (contre pucerons, acariens…)
- De bons résultats en plants greffés pour améliorer la vigueur et en cas de problème de sol (nématodes, verticilliose, corky root)
- Choisir impérativement un porte greffe « peu » vigoureux (Brigéor de Gautier, Beaufort de De Ruiter) pour limiter les risques de blocage de croissance, notamment en conditions froides. A vérifier chez votre pépiniériste !
Le poivron en bio
- Une culture un peu délicate
- Souvent attaquée par les pucerons
- Des difficultés de palissage demandant une attention particulière
- Des fruits sensibles aux coups de soleil et aux nécroses apicales (Cornes de taureau surtout)
- Un rendement potentiel plutôt faible qui justifie de choisir des variétés à rendements importants et précoces (par exemple en F1 carré : Sprinter, Bendigo, Magno)
Antoine Ney, Chargé de Mission Filière légumière, CRABFC