Comment adapter son système porc plein air à la réglementation et aux exigences d’une conduite en agriculture biologique ?
“Plusieurs éléments sont à prendre en compte afin de sécuriser son système aussi bien au niveau alimentaire, sanitaire qu’au niveau économique.”
L’étude technico-économique du passage au bio de l’atelier porc plein-air du GAEC DE L’ÂNE ERIA.
Anthony Jacquemart et Sébastien Perret sont les associés du GAEC de l’Âne Eria, sur la commue de Lanéria (Val d’Epy), en agriculture biologique depuis 2009. L’exploitation est très diversifiée avec un atelier ovin de 120 brebis allaitantes, 300 poules pondeuses et 4 truies reproductrices en plein air. Ce dernier atelier a été développé grâce à l’opportunité de pouvoir récupérer du bas beurre de la coopérative laitière de Nantey toute proche. Aliment de bonne qualité, cela permet d’être autonome en protéine. Un avantage non négligeable dans le développement d’un atelier porc.
Cet approvisionnement local répond tout à fait à l’éthique bio de se fournir localement, par contre, le bas beurre vient de lait conventionnel, ce qui a empêché de convertir la production de porcs charcutiers. Aujourd’hui Anthony et Sébastien souhaiteraient passer leur atelier en bio et ont donc fait appel à la chambre afin de réfléchir à l’adaptation possible de leur système en bio. Le fruit de ce travail a fait l’objet d’une porte ouverte, lundi 17 décembre, avec pour thème « développer un atelier Porc Plein-air »
Vous pouvez télécharger l’étude technico-économique de leur passage au bio en cliquant sur le lien suivant :
Télécharger => Etude Eco – porc plein air bio.pdf
Une forte demande en porcs bio
Les opérateurs de viande bio et les salaisonniers sont à la recherche de porc bio. Notre région est propice à cet élevage mais les projets manquent.
D’après une étude réalisée en 2018 par Interporc, environ 38% des acheteurs de porcs de bourgogne franche comté, ont une gamme bio pour des marchés locaux avec une majorité d’approvisionnement dans la grande région. Il représente environ 5% de leur chiffre d’affaire et la disponibilité en porcs bio est actuellement un frein à ce développement.
GAEC de l’Âne Eria, une commercialisation 100% vente directe
Le GAEC vend ses produits entièrement au magasin de producteurs « Ô pré de chez vous », sur St Amour, dont ils sont membres. Tous les animaux sont découpés et transformés sur la ferme. Cette étude a donc visé à adapter l’atelier au niveau technique et à définir un prix de revient qui permettrait à l’exploitation de garder une marge d’atelier identique à celle dégagée en 2017-2018. Actuellement, 45 porcs charcutiers sont vendus par an.
Une adaptation technique
=> L’alimentation
* alimentation actuelle en conventionnelle :
L’alimentation du cheptel truies-porcelets et porcs charcutiers est composée d’un aliment unique, mélange de maïs-orge-son auquel est ajouté le bas beurre. Le passage au bio signifie, soit de trouver du petit-lait bio, soit de le remplacer le bas-beurre par une source d’azote végétale.
Il est à noter qu’une optimisation de l’alimentation est déjà possible avec un aliment Maïs-triticale pour l’engraissement des porcs plus adapté que le mélange Maïs-orge.
En bio, priorité est mise sur une alimentation provenant de l’exploitation à hauteur de 20%. Dans le cas, comme présentement au GAEC de l’Âne Eria, où aucune céréale n’est produite sur l’exploitation, l’alimentation des porcs doit venir de la même région.
La source de protéine, en remplacement du bas-beurre pourrait être du tourteau de colza et du pois, que l’on peut trouver assez facilement en local et en bio. Le colza est très complémentaire du pois, ce qui permet de se passer complètement de soja dans les rations pour les porcs charcutiers.
L’apport de fourrage, obligatoire en bio, est déjà pratiqué sur l’exploitation avec une ration de foin distribuée quotidiennement.
=> Renouveler les surfaces tous les 2 ans
Actuellement les surfaces des porcs sont fixes sur l’exploitation. Le bio impose (du fait de l’impossibilité de pouvoir utiliser des antiparasitaires) de renouveler la surface tous les 24 mois. Cela permet notamment de limiter le parasitage. Dans l’exemple du GAEC, 7 000 m2 de terrain sont nécessaires à l’élevage des porcs charcutiers en bio.
Si on les déplace dans 2 ans, on doit alors clôturer le double, soit 15 000 m2.
Concernant les normes des clôtures, il est à noter que la peste porcine est aujourd’hui à la porte de la France. Elle a été détectée il y a peu en Belgique. Cela va avoir pour conséquence de modifier les exigences de sécurité permettant d’éviter le contact porc/sanglier. La circulaire fixant ces normes de clôtures devrait sortir en début d’année 2019. Pour ce qui est des autres volets de l’arrêté définissant les mesures de biosécurité, vous pouvez consulter le document suivant. http://www.ansporc.fr/documents/PPA-mesure-bio-securite.pdf
Une adaptation du prix de vente
Avec un poids de carcasse moyen de 96 kg, le GAEC a commercialisé sur l’année 2017, 60kg de viande par porc charcutier. Le prix au kilo était de 13.35€TTC/kg au magasin (commission magasin comprise)
En bio, les charges augmenteraient de +140€ (détails dans le fichier PDF). Pour répercuter le prix d’aliment plus cher et les commissions plus élevées, le prix de vente au magasin devra être de 15,75€ TTC/kg en moyenne.
Pour plus de détails et d’informations sur les aspects :
- Transformation
- Prix de vente
- Techniques
- Aménagements
Vous pouvez télécharger l’étude technico-économique de leur passage au bio en cliquant sur le lien suivant : ETUDE ECO – PORC BIO PLEIN AIR.PPT