INFO BIO BFC - Le site d'informations techniques de la bio en Bourgogne-Franche-Comté

Pourquoi la conversion doit être anticipée ? Focus sur les résultats économiques

Lors de la journée « produire du lait bio, c’est possible ! » le mardi 3 décembre à Dampierre sur Linotte, organisée par le GAB70, la chambre d’agriculture et Interbio Franche Comté, des données technico économiques ont été présentées afin de discuter des différents leviers possibles pour palier aux difficultés rencontrées lors des années de conversion en système lait.

Un coût alimentaire plus élevé en conversion 

En bio l’objectif principal est le suivant : faire plus de lait avec autant de concentré. En conversion simultanée, à partir de la deuxième année de conversion, les stocks de fourrage doivent être de 20% maximum du fourrage grossier de la première année, l’incorporation de C2 dans la ration est limitée et d’une manière générale, au moins 60 % de la ration annuelle est constituée d’aliments produits sur l’exploitation. Ces différents facteurs conduisent à une augmentation des aliments achetés, et nécessite obligatoirement que le système soit basé un maximum sur l’autonomie alimentaire. Il faut donc chercher à valoriser sa ration de base, c’est-à-dire à produire le maximum de lait avec les fourrages produits sur la ferme. On estime qu’au moins 12L de lait/VL doivent être produits avec les fourrages de la ration, les concentrés viennent en complément. En 2018, le groupe des bio ont valorisé en moyenne 11L de lait/VL avec leur ration de base.

L’autonomie alimentaire

La composition et la conduite de la culture de méteil (mélange céréales légumineuses) vont variées en fonction des objectifs de l’agriculteur :

  • Autoconsommation du troupeau
  • Sécuriser sa production de protéagineux
  • Produire des céréales riches en protéine

En AB, les concentrés peuvent être deux à trois fois plus chers qu’en conventionnel. La plupart des éleveurs bio du département pratiquent la culture du méteil en grain ou en ensilage pour l’autoconsommation du troupeau. Les mélanges fréquemment rencontrés sont les suivants :

Quelques points clé sur les protéagineux associés :

Dans tous les cas, « on sait ce qu’on sème, on ne sait pas ce qu’on récolte », en fonction des conditions climatiques, les proportions de chacune des cultures à la récolte sont extrêmement variables.

Des charges mécaniques importantes chez les conversions 

On remarque systématiquement que les charges de mécanisation représentent une part plus importante du coût de production chez les fermes en conversion. Cette différence est à l’origine d’achat de matériel. Certains vont investir dans du matériel de désherbage. D’autres profitent de l’augmentation de l’EBE de la conversion pour l’achat de plus gros matériel. Comme on va le voir par la suite, les aides font augmenter l’EBE après la conversion, mais la marge de manœuvre n’est pas toujours aussi évidente qu’on ne le croit, surtout pendant la conversion.

Une très bonne efficacité économique mais des aides indispensables

Si nous partons d’un EBE conventionnel de 100% (2014), une perte d’un quart de cet EBE est notable en deuxième année de conversion. Durant cette même année,  les aides à la conversion représentent un tiers de l’EBE. Les aides bio sont, dans ce cas, indispensables pour pallier aux difficultés de la conversion : Alimentation bio et prix du lait payé en conventionnel, diminution du volume de production.. A l’issu de la conversion, l’EBE augmente fortement pour atteindre 1.5 fois l’EBE conventionnel dû, en grande partie, à la valorisation du lait en bio. Sans les aides, l’EBE quatre ans après la conversion, reste supérieur à l’EBE de départ en conventionnel. Et, plus le système est autonome, plus la valeur ajoutée est maitrisée.

L’efficacité économique (part de l’EBE dans le produit) mesure le niveau de rentabilité économique de l’entreprise par rapport au volume d’activité, autrement dit, la part du produit consommée par les charges. Une valeur supérieure ou égale à 33% traduit une  bonne efficacité économique. On remarque que ce seuil n’est pas souvent atteint en période de conversion, contrairement au groupe bio qui présente de très bons résultats en progression constante. Parallèlement à cela, on sait que les coûts de production sont supérieurs en période de conversion. Une fois le système en place et le prix du lait payé au prix bio, l’efficacité est meilleure.

Laisser un commentaire

Fermer le menu