Suite aux attaques inédites en 2014 de drosophiles suzukii sur des parcelles de petits fruits, plusieurs producteurs ont souhaité mettre en place un suivi des vols de cette espèce apparue récemment en Franche-Comté et particulièrement agressive sur fruits. Les objectifs étaient de suivre au cours de l’année la présence de l’insecte sur des parcelles de fraises et d’autres petits fruits à l’échelle régionale, d’appréhender les risques pour les cultures, les facteurs de développement des populations, et prévoir des moyens prophylactiques et de lutte.
Le suivi des vols a été réalisé sur 9 parcelles réparties sur la région (cf. carte ci-contre) avec l’appui de la CRAFC pour la définition d’un protocole et la sélection de pièges standards. Les piégeages ont débuté en avril 2015.
Avec des conditions particulièrement chaudes et sèches en 2015, les dégâts causés par l’espèce ont été très faibles voire nuls, la drosophile craignant les fortes chaleurs. Cette année 2015, n’est donc pas une année référence pour la Drosophila suzukii, et ne nous met pas à l’abri de fortes attaques ces prochaines années.
La dynamique de vol constatée est toutefois intéressante car elle correspond aux observations faites dans d’autres régions. On observe les premiers individus en juillet et les pics de piégeage en octobre et novembre (cf. graphique ci-dessous). Le pic observé à cette période correspond à une stratégie de survie de l’espèce, qui augmente ses chances de passer l’hiver en se développant plus intensément avant l’arrivée du froid.
Les dégâts constatés en 2015 sont très faibles. Les piégeages enregistrés sont donc à mettre en relation avec un niveau de risque non préoccupant pour les parcelles. Il reste cependant difficile de définir un seuil général à partir duquel la quantité d’individus piégés reflèterait un niveau de risque pour la parcelle. Le seuil de vigilance ou de nuisibilité dépend de l’emplacement des pièges, de l’environnement de la parcelle, et selon la saison de la présence de ressources attractives à proximité. En fin d’automne, remarque David Vulliemin (UFL, formation CRA BFC du 16/02/2016), les piégages sont beaucoup plus nombreux mais les dégâts pas plus importants. De plus, en été, si des cerises sont mûres à proximité cela peut abaisser le niveau de piégeage, même si la population est bien développée. Selon Hervé COVES (CA Corrèze, formation CRA BFC du 5/02/2016), le seuil de vigilance est atteint à partir de 2 mâles piégés/jour. Pour David Vuillemin le seuil de nuisibilité se trouve entre 5 et 10 mâles piégés par jour selon la saison et la parcelle. Ces différents seuils sont repris sur le graphique ci-dessous en nombre de mâles piégés par mois dans 2 pièges.
Les deux intervenants des formations CRAFC de l’hiver 2016 sont d’accord, le piégeage de masse reste la solution la plus efficace pour réguler les populations. Un dispositif de piégeage massif à raison d’au minimum 1 piège pour 50 m², est à combiner avec une bonne hygiène des cultures et une fréquence de récolte élevée.
De plus, selon les études d’Hervé COVES (CA Corrèze, formation CRA BFC du 5/02/2016), maximiser la biodiversité fonctionnelle autour de sa parcelle permet d’augmenter la régulation des populations. En effet, il recense aujourd’hui 10 groupes d’insectes auxiliaires friands de Drosophiles suzukkii : Chrysopes, Coccinelles, Hémérobes, Anthocorides (Orius Sp.), Opilion, Araignées, Staphylins, Carabes, Diplopodes, Chilopodes et Myriapodes, Guêpes parasitoïdes.