Pour la troisième année consécutive, la Chambre d’Agriculture du Jura a suivi des parcelles agriculteurs cultivées en méteil orge-pois bio. Retour sur ces pratiques :
Résultats des essais méteils orge/pois en place
En 2017/2018 et 2018/2019 deux essais et des parcelles ont été suivis par la Chambre d’Agriculture du Jura. Suite à la publication des résultats encourageants de ce mélange, de plus en plus d’agriculteurs ont donc implanté des méteils orge d’hiver et pois à l’automne 2019. Ces parcelles se trouvaient chez des agriculteurs en bio ou en phase de conversion à la bio, et elles se situaient sur la plaine du Jura, de la région de Lons jusqu’au nord de Dole, mais également sur les plateaux sur les secteurs d’Orgelet et de Salins.
Globalement les conditions climatiques ont été assez défavorables, à ce type de mélange : implantation et hiver en conditions très (trop) humides, puis période très sèche en début de printemps.
- L’hiver très humide à fait très fortement baisser le nombre de pieds de pois protéagineux présent car la bactériose à été très favorisée. Certains ont implanté du pois fourrager d’hiver qui lui est beaucoup moins sensible à cette maladie.
- Par contre, le printemps sec de 2020 a permis de très fortement limiter l’impact des maladies aussi bien sur l’orge que sur le pois. La fin de cycle, a été plutôt favorable à ces 2 cultures.
On a pu noter des pertes de pieds d’orges à cause des pucerons qui ont transmis la JNO. Pour contourner ce problème il y a aujourd’hui de nombreuses variétés d’orge d’hiver fourragère qui sont tolérantes à la JNO.
Résultats hétérogènes en protéines
Les rendements :
Les agriculteurs ont été dans l’ensemble relativement satisfaits des rendements de leurs parcelles en orge pois cette année. (Moyenne : 22.5q/ha pour les plateaux et 32.7 q/ha pour la plaine)
Les teneurs en protéines :
Les teneurs en protéines sont assez moyennes (13.3 pour les plateaux et 12.3 q/ha pour la plaine) : cela s’explique essentiellement par la perte de pieds de pois qui a limité le rendement et la part de graines riches en protéines dans le mélange. La teneur en protéine varie dans cet échantillon de 17 parcelles de 10.6% à 15%.
A noter : La parcelle 3 a une teneur en protéines de 9.8 %, mais il n’y a pas seulement de l’orge (semis à 75kg/ha) comme céréales mais aussi de l’avoine (semis à 70kg/ha) avec le pois fourrager (12.5kg/ha) ce qui permet d’avoir des parcelles très propres, mais pénalise la valeur protéique du mélange.
Les variétés cultivées :
Les variétés d’orge étaient assez différentes mais très majoritairement fourragère : objectif choisir une variété tolérantes aux maladies et résistant à la verse. (Etincelle, Himalaya, Amistar, Domino, Calypso, Coccinel, KWS Jaguar…)
Pour le pois on retrouve essentiellement Ball-Trap et Fresnel : objectif choisir une variété le plus tolérante possible au froid. Etant donné que les hivers sont de moins en moins froid il est peut être possible d’implanter des variétés un peu moins tolérantes que les deux cités précédemment.
Certains ont également mis du pois fourrager (Assas) dans le mélange. Le souci des pois fourrager est leur tardiveté par rapport à l’orge d’hiver et le pois fourrager. Tout s’est encore bien passé cette année comme depuis 2 ans…
Le pois fourrager présente l’avantage d’être peu sensible à la bactériose, ce qui est un gros avantage en cas d’hiver humide, il est de plus très tolérant au froid. Avec le recul il ne faut peut être pas l’exclure des mélanges avec de l’orge d’hiver.
Les doses de semis sont assez variables : de 98 kg/ha orge + 94 kg/ha de pois à 200 kg/ha d’orge + 25 kg/ha de pois. Il faut souligner que d’une manière générale en augmentant la quantité de pois et diminuant la quantité d’orge on limite le potentiel de rendement au profit du taux de protéines. C’est aussi ce qui à l’air de se passer si l’on met du pois fourrager à la place du pois protéagineux.
Pour mémoire, les densités semées dans nos essais sont de 350 grains/m2 orge d’hiver et 50 grains/m2 de pois protéagineux d’hiver.
Et ensuite?
Les résultats sont encore assez intéressants cette année. Cependant, il faut affiner les doses de semis pour essayer d’obtenir des valeurs protéiques assez élevées pour que le mélange obtenu soit encore plus intéressant en élevage laitier.
Un prochain article présentera le résultat d’un essai comparant la même variété d’orge avec différents pois : protéagineux ou fourragers.
Florian Bailly-Maitre, Chambre d’Agriculture du Jura