Dans le cadre du salon « Rendez-vous Tech et Bio » qui s’est bien déroulé les 9 et 10 septembre en Haute Saône » je vous propose de revenir sur quelques points du pôle Santé animale, parmi la centaine d’animations et conférences proposées aux visiteurs.
Habituellement la formule consacrée est « mieux vaut prévenir que guérir », sur cette approche je pense que la plupart des éleveurs ne peuvent qu’être d’accord ; Mais on sait bien que malgré toute l’attention que l’on peut porter à son troupeau, il y aura toujours des situations, des moments dans une année ou tout ne peut pas être maitrisé. On se retrouve souvent avec quelques individus ou un groupe d’animaux « malades ». Alors, que ce soit pour la prise en compte du bien-être animal, pour la rentabilité de l’élevage ou tout simplement pour être en accord avec le sens du métier d’éleveur, il faut soigner et apaiser le plus rapidement possible la souffrance ou le mal être des animaux concernés .
C’est en partant de ce postulat que nous avons construit le programme du pôle santé en 5 points :
- Les nouveaux principes de la santé et résultats des premiers utilisateurs
- La prévention (Observer, Evaluer les risques, Mettre en place un plan d’amélioration)
- Exemples et principes de prévention
- Utiliser la complémentarité des médecines pour soigner
- Pratiquer une utilisation raisonnée des traitements (le bon médicament juste quand il faut)
Nb : Cet article et les suivants diffusés cet hiver vous permettront de faire le point sur différents sujets abordés au salon Tech et Bio.
Changer son approche sur la santé !
Une des innovations majeures à retenir, c’est un bouleversement de l’approche de la maladie. Aujourd’hui les agriculteurs, qu’ils soient en bio ou en conventionnel, s’ils veulent changer leurs pratiques de gestion de la santé du troupeau, ne doivent plus uniquement chercher le médicament ou le produit qui va « solutionner » la maladie exprimée. Il faut intégrer, qu’en général, la maladie est l’expression d’un déséquilibre, d’une faiblesse ponctuelle ou durable d’un animal ou groupe d’animaux soumis à des contraintes. Et lorsque le corps n’est plus aussi réactif que d’habitude, les agents pathogènes peuvent prendre le dessus.
Le schéma ci-dessous, met bien en avant la nécessité d’une approche globale de la santé.
Schéma 1 APPROCHE GLOBALE DE LA SANTE (Olivier Patout, vétérinaire)
Miser sur la prévention : quels bénéfices pour l’éleveur ?
La prévention de la santé est une notion qui mérite d’être mieux définie. En effet certains agriculteurs quand ils parlent de prévention, pensent d’abord à l’utilisation habituelle et systématique de produits, tels des antiparasitaire, des vaccins, ou des antibiotiques à large spectre au tarissement ; Même ceux qui utilisent des médecines « alternatives » comme l’homéopathie ou la phytothérapie parlent quelquefois de traitement préventifs. En effet les granules d’homéopathie, de forte dilution comme des 30 CH sont plutôt destinées à agir en profondeur et sur le long terme pour influer sur un comportement ou sur une résistance.
Mais les principales préventions à mettre en place dans les troupeaux sont à la base du métier d’éleveur. L’alimentation équilibrée et suffisante, sa conservation et sa distribution, les conditions de logement et de bien-être, l’hygiène des locaux, des actes et des ustensiles forment le socle de la prévention.
Un autre point qui doit être développé, c’est le savoir-faire et la réactivité par rapport à l’évolution des conditions qui changent en cours de saison (météo, qualité de la ration, épidémie etc. …)
C’est vrai que cela demande du temps, pour l’observation, la notation de repères quelquefois utiles, l’échange avec d’autres personnes qui peuvent donner leur point de vue extérieur ; C’est pour cela qu’il faut bien réaliser les bénéfices de ce travail parfois mal valorisé dans un monde ou le temps est compté et où l’on ne s’attarde que sur les actions les plus visuelles ou qui semblent les plus lucratives. Le schéma ci-joint résume les intérêts de la prévention :
Schéma 2 Prévention : Gagner de l’argent, du temps et de la satisfaction !
En bio, une santé équivalente mais avec beaucoup moins de traitements !
Depuis que l’agriculture biologique c’est développé, et que les formations aux médecines alternatives ont fleuri (c’est-à-dire depuis une vingtaine d’année), quelques études nous permettent de réaliser un bilan comparatif en élevage laitier en France :
- CASDAR Cedabio suivi 2009/2011, 96 fermes semblables dont 50 % en bio
- IMPRO de 2012 à 2016, 6000 élevages laitiers dont 7% en bio
- Etude FEVEC AURA résultats de groupes 2018 avec 292 fermes dont 20% en bio
D’une façon globale, la repro et la mortalité sont similaire, même si les pertes de veaux sont moindre en bio (6.7 % contre 8% en conventionnel à la FEVEC). Par contre la production laitière en Montbéliarde bio est inférieure de 10 à 15 % selon les études. Le taux cellulaire serait supérieur de 1.5 % , pour atteindre 206 000, selon Impro .
Et cela avec moins de traitements …. Source casdar CEDABIO 2011
Les traitements classiques, type antibiotiques, sont 3 fois moins employés en bio, revanche les traitements alternatifs sont 8 fois plus utilisés. On parle ici de nombre de traitements en moyenne par bovin, mais en réalité en bio le nombre de traitement maximal est de 3 pour chaque individu qui est traité et non pas en moyenne. – Un animal traité plus de 3 fois avec des traitements classiques ne peut plus produire de lait ou de viande bio.
Pour la gestion du parasitisme, les producteurs en AB utilisent 63% de matière active en moins, même si 71 % des élevages en utilisent. En fait les animaux à déparasiter sont ciblés selon les années climatiques et les animaux qui ont acquis une immunité sont peu ou pas du tout traités avec des antiparasitaires « chimiques ». Les économies sur ce poste vont de 56 à 70 % des coûts habituels.
Globalement en bio, les frais vétérinaires sont réduits (9€/1000 l contre 14€ en 2013 chez les conventionnels de la FEVEC par exemple, soit un gain de 35 %). La moindre utilisation d’antibiotiques pour les mammites et moins de problèmes de reproduction en bio expliquent aussi cette économie de frais.
L’humain au cœur du système
Un dernier point de cette étude FEVEC récente, nous indique une tendance sur la main-d’œuvre qui est plus importante en bio (de l’ordre de plus 22%) . Cette différence est accentuée quant au nombre de femmes plus présente (plus 30 %). Pour des tailles d’exploitations similaires en Rhône Alpes-Auvergne, on peut penser que les résultats économiques permettent de faire vivre plus de personnes, et par conséquent le nombre d’éleveurs par bovin est supérieur. C’est peut être un bon indicateur d’amélioration de la surveillance, maître mot en matière de prévention de la santé !
Résultats Casdar CEDABIO 2011-commentaires :
En bio, 57 % des traitements sont en médecines alternatives contre seulement 4 % en conventionnel.
A noter que pour les antiparasitaires c’est 2/3 de traitements en moins et 37% d’antibiotiques en moins par rapport au conventionnel.
Enfin, en dehors de l’épisode FCO, l’utilisation de vaccins est très faible en bio (44% des élevages contre 85 % en conventionnel_ source CEDABIO).
Fin de la première partie, plus tard je vous parlerai des outils et méthodes d’accompagnement avec un exemple de diagnostic santé « Panse-bêtes »
Christian Faivre – CIA 25/90 Le 16/11/2020 .