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Préserver la valeur des foins récoltés, un enjeu encore plus important en Bio

Fourrages et fermentations ne font pas bon ménage.  Et le dernier mois a été bien arrosé… Côté positif, le sol a refait ses réserves et les fourrages se sont bien développé. Côté négatif, souvent impatients des éleveurs ont récolté du foin lors de « petites fenêtres météo » entre deux orages.  Le fourrage n’était pas toujours suffisamment sec. Alors, la surveillance du tas de foin s’impose !

 

Pour bien se conserver, le fourrage ne doit pas contenir plus de 15% d’humidité au stockage. Au-delà, un processus de fermentation peut s’activer avec plusieurs conséquences : des pertes de valeur nutritive, des risques pour la santé et à l’extrême un sinistre par incendie.

 

Première étape : apprécier l’humidité à la récolte

Selon la(les) chaîne(s) de récolte mobilisée(s), une attention primordiale s’avère nécessaire au moment du pressage ou du chargement. Pour bien conserver un fourrage, voici quelques repères indicatifs au moment de la récolte :

Densité du fourrage kg/m3 % d’humidité maximum recommandé à la récolte
En moyenne densité

120/130

15-18

Balles rondes Chambre fixe

150/170

13-16

Balles rondes Chambre variable

150/200

12-15

En balles carrées

210/240

12-15

En vrac avec séchage

45/65

30-35

 

Plus la densité augmente, plus il faut être exigeant lors du pressage. Aujourd’hui, les presses à chambre variable offrent des dispositifs de réglage de double densité pour le centre et la périphérie de la botte qui peuvent parfois préserver un cœur de botte plus aéré.  Au-delà de l’appréciation « au toucher », (serrer et tordre un échantillon de foin, pour apprécier son humidité) vous pouvez éviter la sur-fermentation en mesurant l’humidité du fourrage en andain, à l’aide d’une sonde hygrométrique.

Option : Se munir d’un Humidimètre

Une bonne utilisation de l’humidimètre reste indispensable pour interpréter convenablement les résultats :

  • Mesures sur les premières balles qui viennent d’être pressées ou en andains (une dizaine de points de mesure)
  • Respectez les consignes de réglage de l’appareil, exclure les valeurs aberrantes et faire un moyenne ;

Ces outils sont fiables sur taux de MS élevé et permettent de conforter l’appréciation au toucher. Coût indicatif : 300 à 800 €

 

Les incidences d’un fourrage trop humide !

Une humidité du foin supérieure à 20%  entraînera une prolifération des bactéries et moisissures en parallèle d’une élévation de la température, avec pour conséquences :

  • Une consommation de la matière nutritive initiale par les microorganismes entrainant des pertes de valeur fourragère (UF, PDI…) (voir tableau)
  • Un fourrage moisi et indigeste moins appétant
  • L’inhalation de mycotoxines élaborées par les moisissures pouvant entraîner différents problèmes pulmonaires chez l’homme (ex : maladie du poumon de fermier) et chez les bêtes lors de la distribution
  • Un risque d’incendie

Dans le cas de foin réalisé dans de mauvaises conditions, avec une humidité excessive, il est souhaitable de mesurer la température au cœur de quelques balles avant de les rentrer sous le hangar. Jusqu’à 45°C, l’échauffement est considéré comme « normal », aucun danger. Entre 50 et 60 °C, c’est le seuil d’alerte ; il faudra être vigilent si on les rentre. Par ailleurs le stockage et la manipulation de piles de balles rondes, rendues instables peut être source d’accidents.

Deuxième étape : Surveillez la température du fourrage

L’état de conservation peut être renseigné par plusieurs indicateurs visuels et sensoriels, mais la mesure de températures reste le moyen le plus fiable.

 

Solutions connectées pour surveiller !

Le dispositif « Haytech » permet de surveiller en permanence la température dans les bottes de foin grâce à des sondes insérées au moment du stockage. Ces sondes avec capteur sont connectées à un relais à proximité, avec un suivi au travers d’une application internet.  Chaque sonde numérotée facilite l’identification de la botte en cas de problème, avec une alarme sonore aidant à localiser la zone à risque.

Les données sont transmises par ondes radio avec une portée de 1 à 3 km, avec la possibilité d’un suivi sur internet ou sur son Smartphone des évolutions de température et un avertissement par SMS en cas d’anomalie.  Le pack de démarrage comprend 25 sondes avec un relais capable d’en gérer 500 et affiche un prix de l’ordre de 1 100 €. Ce système novateur a été primé au SPACE 2016 et il fait déjà l’objet d’une attention particulière de la part des assurances dans le cadre de la prévention des incendies de fermes.

 

 

Pour conclure, les enjeux d’une bonne conservation des fourrages stockés sont multiples : préservation des valeurs alimentaires, de l’appétence donc de la valorisation de la ration de base, de la santé du troupeau et de l’éleveur, sans oublier la sécurité des biens et des personnes.  En cas de doutes, l’observation régulière reste la règle avec le recours possible à différents outils de mesure. Ne pas oublier également que les fermentations peuvent s’étaler sur plusieurs mois après l’engrangement des stocks….

 

Jean-Marie CURTIL, et Christian FAIVRE
Chambre Interdépartementale d’Agriculture 25-90

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