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Journée porte ouverte « Viticulture Biologique et Biodynamique » au Domaine André et Mireille Tissot

Cet été, la porte ouverte « Viticulture Biologique et Biodynamique » organisée par la Chambre d’Agriculture du Jura et la Société de Viticulture du Jura a eu lieu le 26/07/2017 chez Stéphane Tissot au Domaine André et Mireille Tissot à Montigny-les-Arsures. La matinée qui a rassemblé une vingtaine de viticulteurs bios et conventionnels (apprentis, jeunes installés ou pratiquants le métier depuis plus de 30 ans) a été riche d’informations techniques et d’échanges autour des pratiques biologiques et biodynamiques. Cette Porte ouverte s’est déroulée en trois temps : la visite des caves avec la présentation du domaine, la visite des parcelles et la dégustation des vins.

 Le Domaine

Le Domaine André et Mireille Tissot est un domaine familial créé en 1962. Historiquement, le grand-père de Stéphane Tissot qui était polyculteur-éleveur avait décidé de donner à chacun de ses quatre fils une partie des terres pour qu’ils puissent s’installer. Finalement, trois de ses fils se sont installés séparément dans le Jura et un s’est installé dans le Lot-et-Garonne.

Après avoir suivi un BTS Viticulture – Œnologie à Beaune puis une formation en commerce et gestion, Stéphane Tissot part travailler dans les vignobles australiens puis sud-africains. A son retour, en 1993 il s’installe au domaine familial. Suite à des rencontres avec des viticulteurs et des professionnels de diverses régions, Stéphane décide de convertir son domaine en Agriculture Biologique en 1999. Aujourd’hui 100% des parcelles sont certifiées en AB. Enfin, depuis 2004 l’ensemble de ses parcelles sont conduites en biodynamie.

 Le vignoble

A l’installation de Stéphane, le domaine comptait 19 ha de vigne, il compte désormais 50 ha répartis sur 4 communes : Montigny, Arbois (majoritairement), Bréry et Domblans. Stéphane travaille les 5 cépages du Jura. Le domaine comprend un vignoble à deux vitesses : une partie constituée de vieilles vignes où l’exigence de rendement n’est pas la priorité au profit de cuvées de qualité supérieure, et une seconde partie avec des objectifs de rendement dont le seuil minimum est de 22 hL/ha. Enfin, le Domaine compte 8 à 10 ha de vigne en cours de renouvellement.

  

Les pratiques 

En plus de son parc matériel (enjambeurs, chenillards, tracteurs et bêcheuse rotative…) en 2017, Stéphane achète un cheval pour continuer à travailler de façon plus autonome certaines parcelles labourées à la force animale depuis 2002, jusqu’à alors en prestation.

Au printemps, un labour est réalisé afin de ne pas avoir d’inter-rangs enherbés. Par la suite, ces derniers s’enherbent progressivement jusqu’à l’automne. Pour la fertilisation des parcelles, de l’amendement organique tel que du compost constitué à 50% de marc et à 50% de fumier de cheval et/ou de l’engrais organique sont utilisés.

Pour lutter contre les maladies, des bouillies de soufre et/ou de cuivre sont appliquées. Dans ces même bouillies,  Stéphane utilise des tisanes en préventif (ex : ortie) ainsi que des huiles essentielles, qu’il teste en curatif dans le cadre d’essais.

Enfin, la vinification se fait parcelle par parcelle et avec ou sans soufre. Les cuvées produites sont commercialisées en grande partie à l’étranger, le reste est vendu au caveau d’Arbois ainsi qu’à des cavistes et des restaurateurs.

Comme beaucoup de viticulteurs du Jura, Stéphane Tissot doit faire face au problème de la flavescence dorée. Pour essayer d’éviter une trop grande progression de la maladie, il a arraché les pieds dès les premiers symptômes cette année. L’arrachage peut se pratiquer jusqu’à fin juillet : ensuite il ne sert à rien car les cicadelles meurent avant d’être contaminatrices (1 mois d’incubation). Avant arrachage une analyse est nécessaire pour confirmer la présence ou non de la flavescence dorée En effet, la cicadelle, qui est le vecteur de la maladie, est attirée par le rouge des feuilles atteintes. Stéphane insiste sur l’importance de se former à la reconnaissance des symptômes pour s’assurer d’être réactifs. Enfin, il souhaiterait que les viticulteurs communiquent davantage entre eux cette problématique afin de mettre en place des plans actions coordonnés de lutte contre cette maladie.

 

Les essais du Domaine

 «  Depuis 20 ans l’agriculture biologique a beaucoup évolué : le matériel, les techniques, mais il reste encore de nombreuses choses à faire. »

 

Ayant à cœur de tester différentes pratiques, Stéphane a fait du vignoble le support de nombreux essais suivis par Marion Jacquot. La visite des parcelles lors de cette journée a donc été l’occasion de présenter une partie de ces essais :

En 2013, un mélange de bouillie bordelaise avec des huiles essentielles a été testé contre le mildiou. L’objectif était de voir si l’ajout des huiles essentielles permettait de réduire les concentrations de cuivre dans la bouillie. Le constat a été qu’il n’était pas efficace de réduire de manière drastique le cuivre pour lutter contre le mildiou.

En 2016, un essai sur le pH de l’eau a été conduit, l’objectif était de préparer des bouillies en cherchant à baisser le pH de l’eau à 7. En effet, ce pH est proche de celui des cellules des feuilles, et permettrait une agressivité moindre sur celles-ci. L’idée était donc de voir si une bouillie bordelaise proche d’un pH 7 restait efficace contre le mildiou. Malheureusement, la pression en mildiou ayant été faible, il n’a pas été possible d’obtenir de résultats. L’essai sera reconduit.

Puis, le groupe s’est rendu sur une parcelle d’essai destinée à l’évaluation de l’effet du pralin (mélange d’argile et de bouse de vache appliqué lors de la plantation) sur des chapons de bonne et de mauvaise qualité (en fonction de la qualité des racines) et si la qualité des chapons pouvait influencer le développement de la vigne. Deux modalités avec du pralin et des chapons de bonne qualité (modalité 1) et des chapons de mauvaise qualité (modalité 2) ont été comparées à une modalité avec des chapons de bonne qualité sans pralin (modalité 3). Après avoir suivi le développement des jeunes rameaux, il semblerait que la qualité du chapon n’influence pas le développement de la vigne et qu’il n’y ait pas de différence  de développement entre les chapons avec et sans pralin. Ces essais seront reconduits pour être approfondis.

Enfin, nous avons pu visiter des parcelles avec des pieds recépés l’année dernière, suite à des attaques d’Esca. 600 pieds  ont été coupés à leur base puis recépés. Résultat, 40% des pieds ont repris avec de meilleurs résultats constatés pour le savagnin avec 58 à 68% des pieds repris contre 35% pour le chardonnay, le trousseau et le pinot noir tous confondus. Nous avons aussi pu voir de nombreux ceps curetés. Cette technique prometteuse consiste à enlever les parties du tronc touchées par l’Esca à l’aide d’une petite tronçonneuse. La reprise des ceps curetés cette année sera évaluée en 2018.

 Clefs de la réussite

L’agriculture biologique est pour Stéphane Tissot le moyen de mettre en avant son terroir et de gagner en qualité sur ses produits. Pour réussir en Agriculture Biologique il faut beaucoup travailler, ne pas se reposer sur ses lauriers et savoir s’entourer de personnes motivées. A travers l’agriculture biologique Stéphane cherche avant tout à obtenir une qualité de vin la meilleure qu’il soit afin de bien valoriser son produit.

Pour clôturer cette matinée, la dégustation des vins du Domaine ainsi qu’un repas ont été partagés dans une ambiance familiale. Merci encore à Stéphane pour son accueil et merci à tous les participants.

Rendez-vous l’été prochain pour une nouvelle édition de cet évènement technique sur la viticulture Bio !

Morgane FROGER, (CDA 39)

 

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