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Journée Porte ouverte Maraîchage à Saint Lamain (39)

Le 28 juin 2017, la Chambre d’agriculture du Jura et le groupe DEPHY maraîchage Franche-Comté animé par la Chambre régionale de Bourgogne Franche-Comté, ont organisé une porte ouverte sur le thème de la lutte intégrée en maraîchage biologique chez Lionel Masson et David Suarez à Saint-Lamain dans le Revermont Jurassien. Cette action s’inscrivait également dans la cadre du dispositif régional de communication Innov’action et permettait de présenter le travail de référence (monographie) réalisé sur l’exploitation par la CA39. Cette monographie est disponible sur demande à la CA39.

Environ 15 participants étaient présents pour connaitre les réussites et les contraintes des maraichers et pour parfaire leur connaissance en protection intégrée des cultures (PBI). La demi-journée s’est déroulée en trois temps, la présentation de l’exploitation maraichère par David et Lionel avec l’appui de Frédéric Démarest de la CA39 sur le volet économique, l’intervention d’Augustin Drouet expérimentateur en protection biologique des cultures à la SERAIL (Station expérimentale ….) et enfin un tour des serres avec l’observation des ravageurs et des auxiliaires présents.

L’exploitation de Lionel et David

Historique de l’exploitation

En 2009 après avoir suivi la formation maraîchage au CFPPA de Montmorot, Lionel Masson s’installe en maraîchage bio en reprenant une ancienne ferme de lait à Comté Bio. En 2013, David Suarez après sa formation en maraîchage au CFPPA de Montmorot, suit un stage PROFOREA sur l’exploitation de Lionel. Un an plus tard (en mai), David s’installe avec Lionel, ils montent une EARL qui évoluera en GAEC en 2016.

Depuis 2010, la surface des serres a été multipliée par quatre (SAU de 3.2 ha en plein champ et sous serres) avec prochainement, un nouveau tunnel de 1200m² qui portera le nombre total de la surface sous serre à 5200 m².

Contexte pédoclimatique

Sur l’exploitation le sol est argilo-limoneux à tendance battant. En 2014, toutes les serres ont été drainées. Chaque année, pour maintenir la fertilité des sols, un engrais vert (à base de triticale, vesce et pois) est semé sur environ 60% de la surface, en plein champ. A l’avenir, ils souhaiteraient également le faire sous serres. Pour s’affranchir des contraintes climatiques (hiver rude et pluviométrie), Lionel et David souhaitent réduire fortement la production de légumes d’hiver de plein champ au profit de productions sous serre.

Matériel et irrigation

L’exploitation est munie de nombreux matériels. La mécanique est un poste clef pour les maraichers qui réparent le plus possible par eux-mêmes leurs matériels. L’irrigation a été renforcée récemment. Le bassin de rétention qui sera agrandit (pour atteindre 1200 m³ assurera un volume d’eau suffisant pour août et septembre. L’irrigation se fait par aspersion ou au goutte à goutte sous abris et en plein champ. Enfin, depuis 2015 l’exploitation est raccordée au réseau d’eau potable. Actuellement, l’eau potable est utilisée pour l’irrigation sous tunnel et l’eau du bassin de rétention est utilisée pour le plein champ

Gestion des bio-agresseurs

Lionel et David réussissent à gérer l’enherbement à l’aide du matériel de désherbage (herse rotative, herse étrille,…), du sarclage à la main et de leurs pratiques (engrais verts, toiles tissées et paillage plastique). Pour lutter contre les maladies les maraichers utilisent du soufre, du Prev-am (contre l’oïdium) et du cuivre (contre le mildiou). Ils ne passent pas plus de 2 fois dans les cultures. Enfin, pour lutter contre les ravageurs, Lionel et David ont mis en place depuis 2012/2013 de la lutte biologique sous les serres (la PBI – voire par la suite).

Organisation du travail

Lionel et David travaillent à l’année sur exploitation. Leur objectif est de pouvoir se dégager du temps de libre un weekend sur deux et deux semaines durant les vacances d’été. La période hivernale (décembre-avril) n’étant pas assez rentable au vu des investissements gestion des rotations difficiles), la production de légumes d’hiver (sauf les légumes frais) va cesser et la quantité de légumes d’été (mai – novembre) sera augmentée. Ceci permettra également de mieux gérer les rotations et le temps le travail sur l’année. En moyenne, pendant la période estivale, 4 personnes sont présentes tous les jours en plus des 2 maraichers ; un apprenti et des travailleurs saisonniers. Malgré le fait que l’aspect transmission de savoirs leur tient à cœur, le coût économique (baisse des financements) ainsi que les contraintes de planning imposées par l’accompagnement d’un apprenti, obligent Lionel et David à ne plus prendre d’apprenti l’année prochaine.

Valorisation/commercialisation et résultats économiques

Les produits d’appel de l’exploitation sont les légumes d’été sous serre (tomates, aubergine, concombre,…) et des légumes de plein champ comme la carotte, les haricots, la fraise, l’ail…. La commercialisation des légumes se fait via les AMAP (40% des ventes), les magasins spécialisés (40% des ventes), la vente directe à la ferme et le marché de Poligny (20%). Les produits vendus via les magasins spécialisés sont entièrement valorisés car les besoins en quantité de légumes sont discutés avec les maraichers en début de saison.

En 2017, Lionel et David ont adhéré à l’association Lédonienne EntenteBio pour soutenir la démarche de restauration collective locale. Néanmoins ils ne pourront pas fournir l’association en légumes car leur réseau actuel de valorisation de leurs légumes absorbe l’intégralité de leur production.

 

La protection Biologique intégrée (PBI)

Dans un premier temps, A. Drouet du SERAIL a expliqué les principes de la Protection Biologique Intégrée (PBI) : il s’agit d’une stratégie alternative à la lutte chimique contre les ravageurs des cultures. Elle ne recourt aux traitements chimiques qu’en cas d’extrême nécessité et a pour objectifs de maintenir un équilibre entre les auxiliaires et les ravageurs. En PBI, il est donc nécessaire de pouvoir reconnaitre les ravageurs des cultures afin de leurs associer un auxiliaire efficace (meilleure prescription).

Suite à cette introduction, A.Drouet a présenté différents ravageurs des abris (pucerons, aleurodes thrips, acariens et noctuelles). Pour chacun d’eux, un descriptif des auxiliaires potentiels a été réalisé en présentant leur mode d’action, leur efficacité et une dose d’application recommandée.

Pour terminer cette intervention, Augustin Drouet a présenté des résultats d’une expérimentation menée par la SERAIL dont l’objectif était d’évaluer des stratégies de développement de l’auxiliaire Macrolophus pygmaeus et s’assurer de sa présence sur les cultures. Cet auxiliaire est un prédateur complet (consomme les larves et les adultes ravageurs) mais il est difficile à implanter et à multiplier.

Ainsi, le souci a été testé comme plante hôte et comme plante refuge pour les macrolophus. Deux types d’essais ont été menés : des essais en station expérimentale (SERAIL) sous abris et des essais chez des producteurs en plein champ et sous abris.

En station expérimentale, des lâchers de l’auxiliaire sur fleurs de soucis ont été réalisés. Les plantes ont ensuite été mises sous un voile P17 (voilage non tissé en polypropylène résistants) durant l’hiver. A l’issu de cet essai, l’hibernation de macrolophus dans les soucis était une réussite. Les fleurs de soucis ont été placées pendant la saison dans les cultures afin d’apporter des macrolophus. L’auxiliaire a maintenu les populations des aleurodes, des noctuelles et des pucerons de manière satisfaisante et à des stades de développement acceptable. Chez les producteurs, sous abris, une bonne installation de macrolophus est également constatée grâce à la mise en place et au maintien de zones « refuges et de réservoirs de production ». En plein champ, macrolophus est présent mais de manière hétérogène.

La SERAIL va lancer une étude qui vise à améliorer la collecte d’auxiliaires sur des plantes refuges et leur dispersion dans la culture.

Visite des Serres

Les principaux ravageurs et problématiques qui ont été observés lors de la visite de l’exploitation sont :

  • l’acarien sur les aubergines : pour lutter Lionel et David réalisent des bassinages. (1 à 3 aspersions de quelques minutes entre 11h00 et 16h00) et des lâchers de A.Californicus. Un effeuillage, en début de contamination, avait également été réalisé.
  • la punaise sur les aubergines : aucun moyen de lutte n’a pour le moment été trouvé.
  • Les dégâts occasionnés par les pucerons sur concombre : la pression des pucerons, importante en début de cycle, a pu être régulée grâce à des lâchers d’aphidius et la faune auxiliaire présente sur l’exploitation (aphidoletes, coccinelles, chrysopes, …). Des lâchers d’A. Californicus contre acarien ont également été réalisés. La PBI mise en place par les maraichers a été efficace puisque la pression des ravageurs a nettement baissé et reste acceptable.

De plus, sous les tunnels des ruches de bourdons sont mises en place sur courgette et tomate afin d’assurer la pollinisation.

Pour finir, cette rencontre s’est achevée autour d’un pot convivial avec les participants de la porte ouverte.

 

Morgane Froger (CDA 39), Margot Dulais (CRA BFC), Thomas Couetil (CRA BFC), Frédéric Demarest (CDA 39)

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