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Des éleveurs Haut-Saônois majoritairement satisfaits de leur conversion bio

A l’issue de leur conversion à l’agriculture biologique, les éleveurs bovins lait sont-ils satisfaits ? Dans quels domaines ? Comment leurs appréhensions de départ ont-elles évolué ? Une enquête a été menée auprès de 24 éleveurs Haut-Saônois pour tenter de répondre à ces interrogations.

Une enquête a été réalisée début 2020 auprès de 24 éleveurs Haut-Saônois, pour la plupart membres du GIEE (Groupe d’Intérêt Economique et Environnemental) lait bio. Dans un contexte favorable à la production de lait bio comme celui de la Haute-Saône, les objectifs de cette étude étaient de comprendre :

  • quels étaient les motivations et les appréhensions des éleveurs au départ de la conversion ?
  • quelles ont elles évolué ?
  • quelle était leur satisfaction à l’issue de la conversion

L’étude prend en compte cinq thématiques : production animale, production végétale, économie, charge de travail, environnement et social. L’ensemble de ces thématiques ont ensuite été regroupées en trois facteurs principaux : technique, économique et social.

L’intérêt économique, moteur de la conversion?

Parmi les motivations à l’AB citées par les éleveurs, un quart concerne l’intérêt économique (graphique ci-contre). Les problématiques liées à la santé et l’environnement sont elles aussi des motivations récurrentes.

Si les aides publiques restent des déclencheurs de décision, le passage en bio implique des logiques autres qu’économiques. Il n’y a pas de différence notable en fonction des anciens ou des agriculteurs récemment convertis. Ce qui compte ce n’est pas l’année mais plutôt l’état d’esprit au moment de la conversion. Dans tous les cas, l’agriculteur ne changera pas s’il n’a pas des raisons d’insatisfaction assez fortes dans sa situation présente et des espérances élevées vis-à-vis de son projet de conversion.

Bien que, plus difficile à évaluer, l’aspect social est aussi un facteur de décision à la conversion. Pour certains, l’entourage et surtout la bonne image du bio auprès des agriculteurs voisins a été favorable dans leur prise de décision. Pour d’autres, la « peur du regard des autres » ou encore le fait que leur(s) associé(s) ne soi(en)t pas convaincu(s) par le bio, a parfois retardé la conversion.

Le technique: la principale appréhension

graph radar

Que ce soit pour la partie culture ou élevage, la maitrise technique du système reste la principale appréhension au départ de la conversion (graphique ci-contre). Quel que soit la taille de la SAU, la gestion des adventices est citée dans la majeure partie des cas, même si 70% des agriculteurs n’ont pas de culture de vente. Au-delà du côté technique, la maîtrise des cultures révèle un frein psychologique car elle sous-entend aussi le regard des autres. « Nos champs, c’est le reflet de la ferme, ce qui se passe dans l’élevage n’est pas forcément visible, mais quand on modifie nos pratiques ça se voit directement sur les cultures » N.M.

Pour plus de moitié de l’échantillon, la partie élevage notamment au niveau de la gestion de la santé, était aussi une préoccupation quelle que soit la taille du troupeau. Parmi ceux qui n’avaient pas d’appréhension, plusieurs avaient réalisé des formations à ce sujet (phytothérapie, homéopathie..) : « A l’époque il y avait un formateur qui s’intéressait déjà aux techniques alternatives, j’ai participé à plusieurs formations du coup je n’ai rien eu à modifier au moment de la conversion » L.D. Effectivement, une conversion est une période de changement qui s’anticipe sur tous les aspects.

Un bilan positif avec le sentiment et la satisfaction de redécouvrir son métier

Avec 89% d’évaluations globales positives (graphique ci-contre), les éleveurs sont majoritairement très satisfaits de leur passage en AB. Le seul éleveur n’étant pas globalement satisfait, avait une situation économiquement de départ fragile et a modifié l’orientation technico économique de sa ferme au moment de la conversion. Chez les derniers convertis on observe peu de variation de satisfaction. « Nous n’avons pas encore assez de recul » explique L.P.

Au final, la plus grande satisfaction des éleveurs concerne la maîtrise de leur système avec une réappropriation de leur métier, alors qu’au départ c’est ce qu’ils appréhendaient le plus  (graphiques ci-dessous). Effectivement, la conversion engendre une quête de connaissance, de créativité et d’apprentissage bien souvent favorisées par l’échange entre collègues. Tous ces facteurs contribuent à la mise en place d’un ensemble de pratiques, c’est le cas par exemple de P.M « Je réapprends mon métier, je fais des petites expériences sur les génisses et je test les prairies pharmacie ». Un agriculteur qui au départ avait des motivations majoritairement économiques souligne que « Aujourd’hui nous sommes fières de travailler en autonomie vis-à-vis du troupeau, on subit moins les pressions extérieures. Avec la vente directe et le bio, nous valorisons le savoir-faire local tout en étant au contact des consommateurs» L.G.

Finalement, cette étude démontre l’impact très positif du passage en bio, que ce soit chez les éleveurs convertis depuis deux ans à ceux convertis il y a presque vingt ans. Une meilleure rémunération conduit à un état d’esprit plus serein. Dans notre cas les éleveurs considèrent que leur travail est rémunéré à sa juste valeur. Pour autant, on démontre que ce qu’ils retiennent du système bio, ce n’est pas forcément de gagner plus. Mais, ce sont tous les changements positifs que la conversion a pu engendrer sur leur mode de production, sur l’environnement ou encore sur leurs rapports aux autres.

PS : Merci aux 24 éleveurs ayant participé à la réalisation de cette étude.

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