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Le Maraîchage présent aux Biolo’week

Avec le soutien des conseils départementaux, du conseil régional et du ministère de l’Agriculture, les chambres d’agriculture du Jura et de la Saône-et-Loire ont organisé la BIOLO’WEEK. Cette 4ème édition dans le Jura, rejointe pour la première fois par la Saône-et-Loire, ont permis aux exploitants d’ouvrir leurs portes pour une semaine dédiée à l’agriculture biologique. 

Depuis plus de 10 ans, nous nous étions habitués à une croissance à 2 chiffres du marché des produits biologiques. Entre 2011 et 2020, ce marché est passé de 4 à 13 milliards d’€/an soit +350% (source. Agence Bio) ! Cette croissance du marché bio Français a tiré vers le haut les prix et a incité à de nombreuses conversions, d’autant plus que la conjoncture sur les grandes filières conventionnelles n’était pas toujours très favorable. 

Les difficultés apparaissent en 2021. Dans un contexte international difficile, on assiste pour la 1ère fois à une rétractation du marché biologique qui s’accompagne d’une perte de confiance grandissante de la certification biologique. Ainsi, les consommateurs vont d’avantage se tourner vers des produits locaux, préférant déguster des produits issus de maraichers qu’ils rencontrent. En 2021, on note parfois une baisse de consommation de près de 11% par rapport à 2020 (source. ORAB 2022). Ce phénomène sera encore impacté par la baisse du budget alimentaire des Français en 2022.  

En Saône-et-Loire et dans le Jura, cette séparation entre le local et la bio est moins franche car ces territoires concentrent une forte proportion de maraîchers en AB. En effet, on compte, dans le Jura, une cinquantaine d’exploitations maraichères en bio, soit 98% des producteurs. C’est un équilibre similaire que l’on retrouve en Saône-et-Loire, puisque les 102 exploitations en maraîchage biologique représentent environ 86% des producteurs de légumes.   

Les Chambres d’Agriculture ont, depuis de nombreuses années, fait le choix d’accompagner l’Agriculture Biologique, en guidant les candidats vers la conversion et le développement de leurs pratiques AB. Cette orientation s’inscrit dans une volonté plus générale d’accompagner l’ensemble des agriculteurs au-delà des modes de production et de les conseiller tout au long de leur parcours. L’enjeux principal reste la rentabilité économique et la pérennité des exploitations afin de conserver une agriculture viable et tournée vers l’avenir. L’agriculture biologique est un des moyens pour répondre à ce double objectif en proposant une approche technique en adéquation avec les nouvelles attentes des consommateurs. 

Échanges entre les participants sur les questions de commercialisation

C’est sur la Ferme bio du Radis qui Pique que s’est déroulée cette année la journée dédiée au maraichage dans le Jura, Bénédicte Masnada nous a ouvert ses portes pour partager sa façon de travailler et de gérer ses ventes dans ce contexte de commercialisation compliqué. Nous avons donc évoqué les débouchés actuels et les ceux à exploiter pour maintenir la résilience des exploitations.

Dans les fermes maraichères de ces 2 départements ruraux, dont le système de commercialisation repose principalement sur la vente en directe et les circuits courts, on retrouve en moyenne 3 circuits de commercialisation : 
Les marchés et les paniers pour la vente directe, qui représentent tous deux 35 à 65 % du chiffre d’affaires des producteurs ; et les magasins bios pour le circuit court qui représente 10 à 35% du chiffre d’affaires.  

Fréquences d’apparition et part du chiffre d’affaire selon les débouchés principaux des maraichers bios

En 2021 et 2022, avec le recul des ventes des produits bios, et l’accélération des installations en maraichage bio, les producteurs en place ont dû faire face à de fortes difficultés de commercialisation, avec parfois –20% de ventes ! Les magasins spécialisés bios n’arrivent plus à écouler les produits, les AMAP sont saturées, les petits marchés dans les villages s’étant multipliés, le producteur ne s’y retrouve plus en termes de vente. 

En réaction à ce constat, c’est la coopération qui fait la force.  
Dans le Jura, avec le contexte national de la Loi Egalim qui impose un approvisionnement à 20% bio dans les établissements publics de restauration collective, 5 maraichers (dont Bénédicte) se sont regroupés pour pouvoir répondre à ce nouveau marché.  

Il y a donc tout à structurer : des besoins en légumes des restaurants, à l’organisation logistique et administrative, en passant par des prix de ventes communs et une sécurisation par la contractualisation… Mais quand on met les moyens en face de l’ambition, le pari est réussi !  

Visite de la ferme de Bénédicte M.

Avec le soutien du Conseil Départemental et de la Communauté de Commune Cœur du Jura, des contrats cadres sont ainsi établis entre établissements et maraichers dans le but de sécuriser les quantités de légumes engagés et les prix de vente. Chaque semaine, les maraîchers renseignent leur disponibilité en légumes pour que les établissements établissent leur commande. Cette partie est actuellement gérée par les agents de la Chambre d ‘Agriculture du Jura qui font le relais entre producteurs et acheteurs. 
Depuis la rentrée scolaire de septembre 2022, en accord avec les établissements, le collectif a mis en place une tournée par semaine, on comptabilise en deux mois, près de 3 tonnes de légumes livrés pour un objectif de 18 tonnes, soit un chiffre d’affaires de près de 40 000€. Les engagements vont jusqu’à la fin de l’année scolaire 2022/2023 et l’objectif est de pérenniser le collectif et de démultiplier la démarche sur d’autres territoires. 

Cette dynamique d’installation est concomitante avec l’évolution des modes de transmission de l’information. Il y a donc de nouveaux modèles de structuration de l’entreprise agricole maraîchère. Ainsi, la volonté de circuits courts s’accompagne souvent par la production diversifiée sur de petites surfaces. C’est le cas de la totalité des installations en Saône-et-Loire. Ce choix va aussi de pair avec une baisse de la mécanisation et à un désir de résilience dans les pratiques agronomiques. Le maraichage sur sol vivant est au cœur de cette actualité.   

Le Maraîchage en sol vivant, qu’est-ce que c’est ? 

Lancé par des maraîchers en 2012, le maraîchage sur sol vivant, ou MSV, a pour vocation de calquer ces pratiques des principes des sols observés dans la Nature, notamment de la forêt. A l’inverse, certaines pratiques agricoles peuvent avoir une tendance à épuiser sa ressource principale, créant un manque de fertilité et une dégradation des sols. 

Deux principes fondamentaux : 

  • La réduction du travail du sol 
  • La couverture permanente des sols 

Des dogmes agroécologiques proche de la bio : 

  • La protection voire l’aggradation des sols, 
  • La protection de la ressource en eau, 
  • La protection de la biodiversité et de la pollinisation,  
  • La séquestration du carbone dans les sols. 
Adrien Chevalier (à gauche) présentant les résultats sur ces planches permanentes.

C’est donc sur cette thématique qu’Adrien Chevalier a ouvert ces portes au Jardin de la Motte. Adrien est installé depuis 10 ans. Ces recherches perpétuelles vers une agriculture plus vertueuse l’ont poussé à réaliser ces propres essais en sol vivant sur une partie de sa parcelle. Ces tests ont été facilité par un contexte particulier : son exploitation produit un foin de qualité qui lui permet un apport en matière organique conséquent sans impacter trop lourdement l’atelier maraîchage. Ainsi, le 27 octobre 2022, il a livré ses réussites mais aussi les difficultés voire les échecs qu’il rencontre. 

Une aubaine pour les porteurs de projet et les jeunes installés présents ce jour qui ont pu participer à chaque discussion et débat, enrichi par la présence de Jean Blancheteau, pédologue et conseiller agro-environnemental de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. 

Jean Blancheteau comparant le sol d’une parcelle cultivée et amendée face au sol non cultivé

Ces deux journées d’échange ont permis à chaque professionnel de (re)découvrir leur territoire et ses évolutions. La filière maraichère plus que toute autre production est encore en cours de construction. Avec l’évolution des profils des maraîchers mais aussi les changements de consommation rencontrés ces dernières années, la structuration locale est encore à écrire et certains débouchés encore sous exploités seront accessibles uniquement via une mise en commun des ressources. Comme on l’a vu avec Bénédicte M., c’est le cas de la vente à la restauration collective où la disponibilité des volumes, les frais de livraison et l’organisation logistique ne peuvent être supportés que par un collectif structuré. Et c’est en commençant par travailler ensemble à petite échelle que peut naître par la suite une structure commerciale qui donne accès à d’autres marchés. 

Avec plus de 30 participants à cette double édition de la Biolo’week sur le thème du maraichage, le réseau des Chambre d’Agriculture accompagne les porteurs de projets et les producteurs impliqués dans la production de produits biologiques. En département, les agents font aussi le lien avec les différentes institutions et acteurs afin de soutenir les producteurs dans la professionnalisation de leur filière.  
Et ce soutien passe aussi par une offre de formation adaptée, comme on l’a vu avec Adrien C. la compréhension du sol et de sa fertilité sont au cœur du métier d’agriculteur, c’est pourquoi les chambre de la région proposent prochainement une formation sur l’utilisation d’engrais verts et de matière organique pour améliorer les potentialités du sol. Vous retrouverez le détail de cette formation et des autres dans le catalogue de formations téléchargeable ci-dessous. 

On se retrouve à la prochaine Biolo’Week pour explorer d’autres thématiques autour du maraichage bio, et d’ici là les conseillers en département sont disponibles pour vous accompagner ! 

Noémie CADOUX et Julie PINTO

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